ARCHIVAGE THEMATIQUE DES MESSAGES DU FORUM HYGIENE |
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THEME : L'activité sporicide des produits
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Hubert BAZIN Fri, 3 Feb 2006 13:30:54 +0100
Il
y a quelques jours, je demandais à notre ami colistier le
"débactériseur masqué" (qui ne nous
parle plus de son procédé miracle ?) de nous parler des
normes d'efficacité. Pas de réponse. Alors je vais
apporter un élément au débat.
La norme NF
T 72-231 (Août 1988) "Antiseptiques et désinfectants
utilisés à l'état liquide, miscibles à
l'eau : Détermination de l'activité sporicide" est
utilisée pour déterminer si un produit possède,
ou ne possède pas, une activité sporicide.
Sur
la page de garde, on peut lire : "Analyse : Cette détermination
permet de porter un jugement sur la qualité des produits
utilisés comme antiseptiques et désinfectants et de les
comparer dans des conditions reproductibles. Elle est menée en
laboratoire (in vitro) dans des conditions déterminées
et permet d'apprécier une inactivation d'au moins 99,999 % des
spores bactériennes de différentes espèces".
Lisons
plus loin
2.1.5 "Les souches de bactéries
sporulées retenues correspondent à un éventail
représentatif des populations les plus fréquemment
rencontrées. La souche Bacillus subtilis variété
niger constitue un étalon international pour les agents
sporicides. (..) B. cereus représente une espèce
ubiquiste proche de l'espèce pathogène B. anthracis.
Clostridium sporogenes est une espèce anaérobie
extrèmement répandue (...)."
Question : ces
spores sont-elles celles qui VOUS intéressent ?
Plus
loin encore
"4.2 Détermination de l'activité
sporicide : détermination de la capacité ou non d'un
produit de réduire d'au moins 10^5 fois le nombre de spores
vivantes appartenant à des souches déterminées
de 3 espèces bactériennes, en 1 h à 20°C et
(ou) en 5 min à 75°C"
Question : ces
conditions sont elles représentatives de ce que VOUS pratiquez
dans vos ateliers ? Saveiez-vous seulement qu'il fallait attendre
aussi longtemps ? Les prescriptions du fournisseur font-elles
apparaître une durée aussi longue - ou une température
aussi élevée ? (pour mémoire, au-dessus de 60°C,
on se brûle).
Toujours plus loin - et c'est là
qu'on voit l'intérêt de bien tout lire :
"11.1
préparation des suspensions de spores et dénombrement
(...)". En bref : on fait des suspensions, on les dilue en
partant de 10^8 et en allant jusqu'à 10^-6, soit pas moins de
10 dilutions en cascade, au 1/10ème, on filtre 1ml de la
dilution à 10^-6et on incube le filtre. "Après
incubation, dénombrer les colonies et noter la moyenne (de 2
boîtes) correspondante N."
"11.2 essai du
produit et dénombrement des spores (...)" En bref : on
fait agir, on thermostate à 20°C ou à 75°C, on
filtre et on incube les boîtes . "11.2.6 Dénombrer
les colonies sur les membranes et noter la moyenne correspondante n
(toujours sur 2 boîtes)"
Et enfin , l'apothéose
"12
expression des résultats (...) Les produits pour lesquels
l'essai montre que la condition n=< N est vérifiée
pour les 3 souches ont une activité sporicide dans les
conditions de la présente norme".
Remarque:
Où
voit-on la condition qui permettrait de dire "réduction
d'un facteur d'au moins 10^5" ? Il est dit que le comptage des
spores doit se faire à partir de la suspension à 10^-6,
mais il n'est pas dit que l'on doit faire les essais sur des
suspensions à 10^1...
Donc en lisant calmement la norme, il
suffirait d'avoir N = 132 ufc pour les suspensions non traitées,
et n = 112 pour les suspensions traitées 5 minutes à 75
°C, et ça pour les 3 souches, pour pouvoir affirmer que
"Le produit a une activité sporicide dans les conditions
de la norme NF T 72-231" ? Et ensuite on pourrait laisser
supposer aux utilisateurs que le même produit, utilisé
pendant 3 minutes à 8 ou 10 °C (mesurez donc la
température de l'eau du réseau, froide, aujourd'hui)
pourrait détruire les spores de C. botulinum
?
MICROBIOLOGISTES, FABRICANTS DE PRODUITS DE DÉSINFECTION
: DITES-MOI QUE JE ME TROMPE, S'IL VOUS
PLAÎT...
cordialement
Hubert BAZIN
conseil et
formation
Olivier CERF Fri, 3 Feb 2006 14:29:58
+0100
Norme NF T 72-231 "Antiseptiques et
désinfectants utilisés à l'état liquide,
miscibles à l'eau : Détermination de l'activité
sporicide"
J'ai sous les yeux la version de 1981. Après
un chapitre intitulé "10. Essai préliminaire",
il y a un chapitre intitulé "11. Essai proprement dit".
Je recopie le premier paragraphe :
"11.1 Préparation
des suspensions de spores et dénombrement des spores dans la
suspension avant contact avec le produit soumis à
l'essai
En
fonction du nombre de spores viables dans les suspensions (8.1)
[suspensions de Bacillus] et (8.2) [suspension de Clostridium] et
pour chaque souche, préparer des suspensions dans l'eau
distillée ou le diluant préconisé par le
fabricant pour le produit à essayer, contenant entre 1 et
3x10^8 [dix puissance 8] spores par millilitre.
Vérifier
ces concentrations par dénombrement."
1/ Pour
dénombrer les spores d'une telle suspension, et être
capable de distinguer des colonies, il faut bien 6 dilutions au
dixième, n'est-ce pas ?
2/ Sur une suspension avec une
telle concentration de départ, il est bien possible de mesurer
5 divisions par dix (= une division par 10^5), n'est-ce pas ? Il
restera entre 1000 et 3000 spores/mL, ce qui est facile à
dénombrer après une seule dilution.
En quoi la
version de 1988 diffère-t-elle de la version copiée
ci-dessus ?
Hubert BAZIN Fri, 3 Feb 2006 23:18:02
+0100
Merci à Olivier CERF d'intervenir, mais
ce n'est pas du jeu : il connaît les réponses :-))
Je
réponds néanmoins :
version de 1988 Au chapitre
modiifications, il est précisé "Par rapport à
la précédente édition, les modifications portent
sur l'amélioration du mode opératoire, l'interprétation
des résultats qui ne seront plus quantifiés et la
suppression de substances interférentes".
En ce
qui concerne le paragraphe 11 de la version de 188, on lit, in
extenso
11.1 Préparation des suspensions de spores et
dénombrement des spores dans la suspension avant contact avec
le produit soumis à l'essai.
Pour chaque souche,
préparer des suspensions avec le diluant (7.9), contenant
entre 0,5 et 1,5 x 10^8 spores viables par millilitre. A partir de
ces dernières faire des dilutions au 1/10 jusqu'à
10^-6. Après agitation, à partir de la dilution 10^-6,
effectuer 2 prélèvements de 1 ml, transférer
chacun d'eux dans un appareil à filtration stérile.
Filtrer et rincer dans les conditions déterminées en
(10.3). Après incubation, dénombrer les colonies et
noter la moyenne correspondante
N.
Puis, on passe au
11.2 : Essai du produit et dénombrement des spores. le 11.2.1
explique que l'on doit préparer des séries de 5
dilutions du produit à tester en concentration double de celle
que l'on veut effectivement mettre en contact avec les spores.
(normal : on va ensuite mettre 1 ml de suspension de spores, 4 ml
d'eau et 5 ml de solution
désinfectante, qui va bien de ce
fait se retrouver diluée de moitié.)
11.2.2
introduire 1 ml de chaque suspension de spores (11.1) dans un tube
stérile en évitant soigneusement de contaminer la
partie supérieure des parois du tube. Après addition de
4 ml d'eau, etc. etc.
-------------------
J'arrête de
jouer (et de faire l'âne ?) (pour avoir du son ? je n'aime pas
le son, ça grince sur les dents)
Je sais bien que l'on
parle de SUSPENSION de spores dans un cas (suspension-mère, à
1.10^8 spores/ml), et de DILUTIONS de la suspension dans les autres
cas. On a donc bien d'un côté un dénombrement sur
une dilution de 1.10^8 x 10^-6 donc 1.10^2, soit 100 spores/ml,
quantité tout à fait comptable sur un filtre. Et de
l'autre côté, on va soumettre une suspension de 10^8
spores / ml , diluée au 1/10 par la suite (1ml de suspension +
4ml d'eau + 5ml de produit = 1 ml dans 10 ml) à un produit de
traitement, et on espère ne pas compter plus de 100 ufc
ensuite. On a bien alors dans ce cas une destruction de 99,999 % de
la population de départ, ce qui fait bien 10^5. La norme n'est
pas si stupide que ça, tout de même.
Ce que je
voulais mettre en avant c'est :
1 - la norme ne me semble pas
explicite à l'excès : on dirait simplement "introduire
1 ml de chaque suspension-MÈRE de spores, etc." et il n'y
aurait plus de place pour l'interprétation. Je sais (vous
savez, nous savons) que parfois les documents sont lus un peu ...
rapidement. [Le danger serait bien évidemment de soumettre la
dilution à 100 spores / ml au produit à tester : on
aurait alors à peu près 50% de chances de déceler
une activité, même si le produit à tester était
de l'eau distillée ou de la confiture de
groseilles]
2
- les spores de référence ne sont pas forcément
celles qui intéressent les industriels
3 - les
conditions de réalisation du test sont assez éloignés
des conditions praticables dans l'industrie (encore une fois : 60
minutes à 20°C ou 5 minutes à 75°C !)
4
- et quand on lit sur un emballage "sporicide selon la norme
machin-truc", on ne veut retenir que "sporicide", et
on veut entendre "sera donc efficace dans mes conditions
d'application". Et ça, c'est loin d'être réalisé
partout.
En conclusion : si l'on parle d'efficacité des
désinfectants, il faut procéder à des tests en
vraie grandeur, dans son installation, avec ses microbes et ses
appareils. Et on teste des produits qui sont sporicides selon
l'AFNOR, parce qu'ils ont alors un préjugé
favorable.
Je vous prie de bien vouloir excuser ce mouvement
d'humeur.
cordialement
Hubert BAZIN
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