INTOXICATIONS PAR LES FRUITS DE MER (ALGUES)
La consommation de mollusques (moules, huîtres,
coques, bourgots, mies, clams et même crabes) surtout de mai à septembre, peut
provoquer une intoxication grave, parfois mortelle, causée par une toxine
paralysante.
A côté de la PSP la plus connue, il faut
également relever la DSP (Diarrheic shellfish poisoning), LA NSP (Neurotoxic
shellfish poisoning) et l'ASP (Amnesic shellfish poisoning).
SAXITOXINE : toxine de la PSP
Il existe 20 types de saxitoxines. Sur
recommandation de l'OMS, la dose maximale de saxitoxine (PSP) est fixée à 80 mg
pour 100 g de chair de moule. Il a été détecté la première "marée"
d'algues à toxines paralysante (PSP), en octobre 1988 sur la côte nord-ouest de
la Bretagne, ainsi que les deux suivantes en 1989 et 1990.
Cette toxine, nommée saxitoxine, est
biosynthétisée par une dinoflagellée, Gonyaulax catanella, Goyaulax tamarensis
et pyrodinum phoneus. Cette toxine est caractérisée par un effet paralysant
neuromusculaire extrêmement puissant; sont intensité est 20 fois plus forte que
celle du curare. Son action consiste à inhiber la transmission de l'influx
nerveux, en particulier au niveau du système nerveux périphérique, elle bloque
aussi le fonctionnement des centres respiratoires et circulatoires.
Par ailleurs, en diminuant l'entrée massive
des ions sodium nécessaires à la contraction musculaire, la toxine provoque la
paralysie graduelle des muscles striés et du muscle cardiaque, provoquant
l'arrêt cardiaque et l'état de choc.
La saxitoxine est thermolabile. La quantité
de toxine dans un coquillage peut être réduite en retirant le siphon, les
branchies et les glandes digestives.
Un engourdissement, un picotement des lèvres
s'étendant progressivement à toute la figure puis aux doigts constituent les
premiers symptômes de l'intoxication paralysante. Si l'intoxication est grave,
les sensations de picotement s'étendent à l'ensemble des membres (cou, bras,
doigts, jambes, orteils), sont accompagnées de raideur et douleur musculaire et
d'affaiblissement général. Il y a salivation, soif intense, dysphagie, anurie.
Puis asthénie avec vertige, malaises, prostration et maux de tête. Des
symptômes gastro-intestinaux peuvent apparaître ; ils sont assez variables et
secondaires aux altérations du système nerveux. Au stade terminal on peut voir
des fibrillations musculaires, des convulsions et de la paralysie. En phase
critique, la respiration peut devenir difficile et le malade meurt
d'étouffement.
Les symptômes peuvent apparaître de
trente minutes à 12 heures.
Certaines algues aquatiques produisent des
toxines létales. Ces toxines sont extracellulaires ou libérées en cours de la
décomposition bactérienne des proliférations d'algues. Certaines algues marines
(des dinoflagellés) appartenant aux genres Gymnodinium et Gonyaulax, tuent des
animaux aquatiques avec une neurotoxine, ou poison nerveux. Ces toxines sont
parmi les plus puissantes. Les mollusques bivalves (moules, huîtres)
concentrent dans leurs glandes digestives des toxines de certaines de ces
algues ; l'ingestion de ces fruits de mer contaminés peut provoquer une
paralysie. Prototheca wickerhamii peut causer des infections sous-cutanées et
des bursites (inflammation des bourses séreuses entourant les articulations).
Gonyaulax tamarensis (dinoflagellé) sécrète une toxine extrêmement puissante.
La consommation de ces mollusques contaminés peut provoquer des paralysies
graves. Les mollusques bivalves qui se nourrissent par filtration ingèrent le
gonyaulax assurant ainsi la concentration de la toxine dans les branchies et
les glandes digestives. Il n'y a pas d'accumulation de toxine dans les muscles.
De ce fait, la consommation des muscles n'entraîne pas intoxication.
En 1987, une intoxication survint au
Guatemala, faisant 187 victimes dont 26 morts. L'aliment incriminé était une
soupe de poisson.
L'ASP fut pour la première fois mise en
valeur en 1987 lorsqu'une intoxication de moules bleues (Mytilus edulis) fit
156 victimes dans l'Ile du prince Edward (Canada). 3 victimes y trouvèrent la
mort. NSP et DSP sont plus sporadiques.
A Lire : le document très complet de l'ARVAM ainsi que le
dossier du Journal de la
Réunion.
Le document de l'Agence Canadienne d'Inspection des Aliments
Le document de synthèse en anglais de la FDA
Gastro-entérites à Dinophysis acuminata.
Les moules sont le principal vecteur de
cette contamination, mais elle peut également être transmise par les palourdes,
clams, tellines et autres coquilles Saint-Jacques, seules les huîtres se
voyant, à ce jour, lavées de tout soupçon.
Les Dinophysis toxiques sévissent à l'état
endémique sur les côtes françaises, dans le Finistère et dans le Morbihan, mais
aussi, à un moindre degré, en Normandie, dans la partie ouest de la
Méditerranée, ainsi qu'en Corse. Le nombre d'intoxications élevé au début (4000
en 1983 et 2000 en 1984) a baissé rapidement (moins de 10 à partir de 1985)
après la mise en place d'un réseau de surveillance IFREMER CSRU et la fermeture
préventive des zones contaminées.
Les douleurs abdominales avec diarrhée
associée sont les symptômes prédominants et constants des gastro-entérites à
Dinophysis. Ils apparaissent toujours en moins de 12 heures après le repas
toxique de coquillages et il n'y a pas de fièvre associée ce qui permet de les
distinguer des autres gastro-entérites. Ces intoxications sont saisonnières et
ont été reliées à la présence de divers Dinophysis dans l'eau de mer, en
l'absence de tout efflorescence forte et dans les coquillages consommés.
Alexandrium minutum est plus rare que le Dinophysis
mais aussi plus dangereux. Ce dinoflagellé, mû par deux filaments, relâche
différentes toxines paralysantes, dont la saxitoxine
et les gonyautoxines, qui se retrouvent, concentrées, dans tous les coquillages
(huîtres comprises) et qui engendrent très rapidement - moins de trente minutes
après ingestion - des symptômes allant des simples fourmillements et vertiges
jusqu'à la perte de coordination motrice et, dans les cas les plus graves, aux
troubles respiratoires et à la paralysie. D'autres espèces du genre
Alexandrium, particulièrement toxiques, ont ainsi été impliquées dans des décès
survenus ces dernières années en Espagne, aux Etats-Unis ou au Canada. Toutes
ces toxines sont thermostables, c'est-à-dire résistantes à la chaleur, si bien
que la cuisson ne diminue en rien leurs effets néfastes.
Les risques d'intoxication associés à
l'espèce Alexandrium minutum, qui n'est observée que depuis dix ans dans les
eaux françaises, restent pour l'essentiel localisés à quelques secteurs du nord
de la Bretagne (abers, baie de Morlaix, Rance). Toutefois, il semble que cette
espèce gagne du terrain, puisque, pour la première fois, elle a été également
repérée en 1997, à des concentrations assez importantes, en Poitou-Charentes.
Voir également un article illustré de
l'IFREMER au sujet de l'Alexandrium.
Tetrodotoxine (anhydrotetrodotoxine, 4-epitetrodotoxine, acide tetrodonique)
L'intoxication par le poisson de l'espèce
Tetraodontiformes est l'une des plus virulentes intoxications d'origine marine.
La gonade, le foie, les intestins et la peau du poisson peut contenir des
tetrodotoxines à dose suffisante pour produire une mort rapide et violente. La
tetrodotoxine a été isolée dans différentes espèces incluant le triton de
Californie, le "poisson-perroquet", grenouilles, crabes. La source
metabolique de la toxine est incertaine. Aucune source n'a pu être identifiée
concernant les algues.
Le premier symptôme est un léger
engourdissement des lèvres et de la langue, apparaissant entre 20 Minutes et 3
H après consommation de poisson contaminé. Le symptôme suivant est une
paralysie grandissante de la face. Maux de tête, maux gastriques, nausée,
diarrhée et/ou vomissement apparaissent également. La seconde étape de
l'intoxication est la paralysie grandissante. Les victimes ne sont plus
capables de se mouvoir et même de s'asseoir. La respiration devient difficile.
La parole est affectée. La mort survient en 4 à 6 heures (extrêmes 20 minutes à
8 h).
Les poissons contaminés proviennent
essentiellement de l'Océan Indien. Des cas d'empoisonnement sont apparus
concernant des poissons provenant de l'Océan Atlantique, du Golf du Mexique et
du Golf de Californie (non confirmé pour ce dernier).
De 1974 à 1983 646 cas ont été reportés au
Japon, dont 179 motels. On estime à 200 cas mondiaux annuels pour une mortalité
approchant 50 %. De 30 à 100 cas annuels concernent le Japon.
Page modifiée le 06/03/00 par
B.PEIFFER